La sève et la moisson

mai 11th, 2011

 

 

 

 

LA SEVE ET LA MOISSON

 

 

 

Je suis celle qui voit les sorcières

et qui n’y croit pas

Je suis celle qui voit l’Eternel

et qui n’y boit pas

Je suis celle qu’un ailleurs appelle

et qui n’y va pas

Je suis celle qui se rebelle

devers elle-même.

 

 

A quoi bon cette ardeur tendue

vers quoi ?

A quoi bon ce refus aigu

de quoi ?

A quoi bon cet espoir diffus

en quoi ?

A quoi bon cette vie incluse

en moi ?

A quoi bon souffrir à mourir

pour rien ?

 

 

Je ne veux plus sentir en moi

cette lame qui ronge

Je ne veux plus sentir en moi

le rampement du songe

 

 

A quoi bon tant de fleurs

vigoureuses arrachées au sommeil

par l’œil blanc du soleil

aux doigts pleins de couleurs

 

 

Les tiges sont tendues

prêtes à la serpe aigue

et l’élan les emporte

dans un ciel écarlate

Mais la faux n’est pas là

la faux ne viendra pas

 

 

Pourquoi la floraison

sinon pour la moisson ?

Pourquoi une abondance

veuve de sa jouissance ?

 

Les fleurs meurent, lassées

la faux n’est pas passée

et l’espérance enfouit

dans le sol de l’ennui

ses corolles brisées

et ses têtes penchées

 

 

Mais dans la plaine morte

né des larmes violettes

un petit germe rit,

avide de bonheur

afin d’être cueilli

si vient le moissonneur

 

 

Ainsi comme le blé

tu pousses et retombes

 

et ta sève altérée

fera le tour du monde…

 

 

    A Propos

    Bienvenue dans l'univers poétique de Joanna !